2008/01/26

500

Cette nuit j'ai rêvé au nombre 500. C'était vraiment étrange. Je voyais ce chiffre en gros et en rouge dans le haut d'un mur blanc. Je ne comprenais pas pourquoi je voyais ça. Un sentiment d'inconfort accompagnait mon interrogation. J'étais à la limite de la confusion.

Après quelques instants, le feeling du rêve laissa place à la réalité. Je n'étais pas du tout inconscient. Je regardais la projection de mon cadran numérique qui affichait 5 h 00 du matin au haut de mon mur de chambre... Mon inconfort se justifia par la douleur de mon genou droit. Quel cauchemar ! Je suis au beau milieu de la nuit, je suis dans une mauvaise posture et je n'ai personne pour me repositionner.

Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai un handicap physique sévère qui paralyse la presque totalité de mon corps. Et j'habite seul en appartement.

5 h 05 - Je reste calme. J'essaie de me concentrer sur autre chose que mon genou. À ce moment ma douleur est 2 sur 10. C'est quand même acceptable pour envisager me rendormir et attendre mon employée vers 10 h 30.

5 h 15 - Je ne réussis pas à contrôler ma pensée. Je tente de bouger pour que ma jambe change de position mais en vain. Ma douleur est rendue à 4 sur 10. Je commence à m'inquièter et à me demander comment cette nuit va se terminer.

5 h 35 - Je suis rendu à 6 sur 10. Avec mon lit électrique, j'essaie de me bouger en montant la tête et le pied pour bouger mon oreiller sous les pieds. Lors de mon installation du coucher, une panoplie d'oreillers sont positionnés pour que je sois confortable et que je puisse dormir paisiblement. Mais probablement dû à un problème d'inflammation, la position de ma jambe m'a occasionné beaucoup de douleur. Rien à faire, je ne parviens pas à bouger suffisamment pour me permettre d'atteindre un confort minimum.

5 h 50 - 8 sur 10. Ça devient insupportable. Aucune autre position n'est possible sans l'intervention d'une personne. Avec la télécommande à distance, j'ouvre la porte de mon loyer et je porte attention au cas où j'entendrais des pas dans le couloir commun. À mon étage, se trouve une quinzaine de loyers dont certains sont supervisés par du personnel 24 heures sur 24. Je me dis alors que si quelqu'un venait qu'à passer devant ma porte, je me devais de crier pour qu'il m'entende. Le problème c'est que je n'ai pas une forte voix. Et que ma porte automatique reste ouverte environ six secondes. Alors je dois faire vite.

6 h 00 - Beaucoup trop sur 10. Plein de choses me passent par la tête. Je me vois complètement dépendant et à la mercie de la vie. La loi du plus fort venait de me plaquer solidement contre le pavé cimenté de la réalité... Ceux qui me connaissent savez très bien que je déteste appeler de l'aide et la nuit c'est encore pire. Ce n'est pas par orgueil mais plutôt par principe. J'ai choisi d'habiter loin des centres hospitaliers et de la machine que la société nous a honteusement déstructuré... Alors mon très Cher Alain, la liberté a un prix à payer...

Je commence à accepter la réalité. Je n'ai d'autres choix que d'appeler quelqu'un sur ma modeste liste d'employés.

Je choisi de rejoindre Marie-Josée. C'est étrange parce que depuis plusieurs semaines elle me demandait de lui faire un blog. Elle m'avait vu écrire sur d'autres situations de mon quotidien occasionné par d'autres personnes et elle me disait : « Tu peux toujours te défouler sur moi dans ton blog ! Ça me ferait bien plaisir que tu parles de moi ! » Et bien très chère Marie, tu n'auras pas la chance de me voir te boxer sur les petites choses que tu me fais vivre, mais plutôt sur un hommage à une femme honorable.

Nous avons tous nos moments de bonheur et nos moments plus difficiles, mais je suis très fier de voir que tu surmontes toujours tes épreuves et que tu n'abandonnes jamais.

Et bien toute cette longue nuit a pu poursuivre grâce à cet ange gardien. Les yeux petits, les plis de couverture encore estampée sur le visage, Marie-Josée a accourue pour me venir en aide. Heureusement nous avons trouvé une position qui m'a permis de me rendormir et de pouvoir récupérer jusqu'au lever.

Lorsque j'ai quitté volontairement mon milieu familial en 1994, j'ai pris le pari que je terminerai ma vie dignement, la tête haute avec quelques défaites mais surtout plein de victoires ! Eh bien ces victoires, je les dois bien souvent à des petits anges comme Marie.

J'ai beau t'avoir remercié plusieurs fois Marie, mais le plus beau merci que tu recevras sera celui que la vie te réserve ! Aie toujours confiance et chaque tempête laissera place au chaud soleil de l'espoir !

500 MERCIS MARIE-JOSÉE !!

Ma définition d'un p'tit ange:

Personne unique doté d'un sens de l'altruisme développé, de l'honnêteté et du respect de soi depuis plusieurs années. N'est pas p'tit ange qui veut. Les candidatures peuvent défiler sans avoir nécessairement l'esprit du p'tit ange. Cette philosophie n'est pas uniquement de donner du temps et de l'aide instantanément à quelqu'un qui a besoin, mais plutôt une manière de participer activement, un certain temps, au mieux-être d'une personne.

P'tits anges bénévoles recherchés!

Je suis aussi à la recherche de p'tits anges bénévoles pour faire ses exercices physiques une fois par semaine, aller au cinéma et au restaurant, faire la lecture, écrire ma vie, jouer au poker... benevole [à] ptitsanges.com !